Lekié : imposture au nom d’un peuple ?

Quelques personnes habillées en apparat traditionnel qui procèdent à un rite macabre, avec la photo d’un ancien candidat à la présidence de la république. Acte que l’opinion impute à un peuple, pour mettre à mal la cohésion sociale. Mais il convient de séparer le bon grain de l’ivraie pour identifier les auteurs d’une imposture qui veulent se cacher derrière un peuple, en attendant que le gouvernement prenne ses responsabilités.

Une photo montrant 8 personnes arborant des attributs généralement reconnus aux chefs traditionnels, procédant à un rite mortuaire, avec la photo de Maurice Kamto, président national du Mouvement pour la renaissance du Cameroun. Les faits sont hors du commun, semblables à des scènes souvent observées dans les mouvements de foule contestataires d’un régime, mais ils se déroulent dans un endroit isolé, le public étant vraisemblablement constitué des seuls acteurs et du preneur d’images. L’opinion, la presse, les réseaux sociaux ou n’importe quelle source insalissable a vite fait d’identifier les principaux acteurs comme des chefs traditionnelles de la Lekié, embarquant ainsi tout un département de la région du Centre dans une affaire dans laquelle sans doute très peu se reconnaitront.

Un lanceur d’alerte identifie cependant parmi les acteurs quelques chefs traditionnels, mais le département de la Lekié compte 9 arrondissements :  Batchenga, Ebebda, Elig-Mfomo, Evodoula, Lobo, Monatélé, Obala, Okola, Sa’a, avec au total 403 villages. Les 8 chefs de l’évènement du 24 novembre 2023 représentent qui dans ces 403 villages, sinon eux-mêmes. Il devient donc diffamant d’indexer le département de la Lekié comment étant derrière ces agissements qui tombent sous les sens, sortent de la morale et clouent au pilori le slogan du vivre ensemble que prône le politique de Yaoundé. Si depuis le 23 novembre, le ministre de l’Administration territoriale, autorité compétente au-dessus des gouverneurs, préfets et sous-préfets n’a pas encore gratifié l’opinion de l’une des menaces ouvertes dont il le secret, cela suscite d’ailleurs des questions.

En tout état de cause, il convient déjà d’isoler les acteurs du rite du 23 novembre de l’ensemble des populations du département de la Lekié et les mettre devant leurs responsabilités. Quel message ont-ils voulu passer, voulaient-ils annoncer la mort prochaine d’un homme politique, en simulant son enterrement, si oui pourquoi cet homme politique justement, qui ne saurait être comptable de l’absence des routes, des écoles, de l’eau, de l’électricité, qui n’est passé dans la case prison dans son parcours qu’à cause de ses opinions, contrairement à d’autres citoyens convaincus de détournement des deniers publics, et qui se retrouvent en liberté au motif qu’ils ont remboursé le corps du délit, passant par pertes et profits les conséquences dommageables de leurs actes de prévarications ?

Roland TSAPI