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Chefferies traditionnelles : successions au mépris des us et coutume

Écrit par sur 1 novembre 2023

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Par Roland TSAPI

La crise de succession à la chefferie de Bagam depuis le 23 octobre 2023, loin d’être un cas isolé, est une manifestation des conséquences de l’abandon des us et coutumes traditionnels, rudement mis à l’épreuve par la politique et la force de l’argent. 
 

Le chef supérieur du village Bamendjou Sa Majesté Jean Rameau Sokoudjou a coutume de dire que 90% des chefs traditionnels à l’Ouest sont illégitimes. Il s’appuie ainsi sur une longue expérience connue depuis les années de lutte pour l’indépendance, quand l’administration coloniale avait entrepris de destituer les chefs peu dociles et les remplacer par les ceux qui devaient leur obéir au doigt et à l’œil, foulant au pied tous les usages et règles qui commandaient à la désignation des chefs traditionnels.

La méthode a été léguée à leur départ à l’administration locale, entièrement inféodée au parti politique unique, et elle se perpétue encore, et encore, sous des formes diverses. L’administration coloniale étant remplacée par le parti au pouvoir et du pouvoir, il a aussi entrepris de soumettre les chefs traditionnels, les enrôler dans le parti et les utiliser pour combattre les fils du village qui défendraient des idées contraires.

Et pour y arriver, tout y passe : achat des notables, trafic d’influence, interpellation et emprisonnement, note administrative et ingérence des administratifs dans des procédures de désignation pour lesquelles ils ne maîtrisent que les superficiels contours définie par le décret de 1978 qui fait des chefs traditionnels des auxiliaires de l’administration. Résultat des courses, les chefs sont devenus illégitimes, contestés avec des soulèvements comme celui de Bagam qui vient s’ajouter à celui du village Bangou en mars 2022, pour ne citer que ces quelques cas.
 
Tout cela parce que les règles et les rites traditionnels ont été piétinés. Dans les traditions, il est dit qu’à la naissance d’un chef il y a des signes dans le village. Ce signe se répète-t-il à la naissance de plusieurs enfants dans la chefferie ? Il est dit dans les mêmes traditions que le chef de son vivant désigne son successeur et adopte envers lui des attitudes décryptées par les initiés : l’éloigner de la chefferie ou lui vouer une haine visible de tous.

L’a-t-il fait pour plusieurs enfants de son vivant, pour qu’il y ait dispute à sa mort ? Plusieurs autres indications existent qui ne trompent pas, et ont permis au cours des siècles d’opérer des transitions paisibles dans les chefferies, et dans des cas extrêmes, les princes mécontents de la succession prenaient simplement leurs sacs et s’en allaient du village, pour créer le leur ailleurs.

Mais l’argent et la politique s’y sont mêlées, les notables aujourd’hui ferment les yeux, ou se laissent fermer les yeux par la brillance des billets et des avantages promis, pour fausser les contenus des testaments, en fabriquer d’autres et les remettre à l’autorité administrative, qui d’autorité viendrait le rendre public ! Parfois ça passe, mais le plus souvent ça casse.


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