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Foncier : le nid des magouilles

Written by on 27 septembre 2023

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Pr Roland TSAPI

Un énième litige foncier dans la ville de Douala, opposant un privé à la collectivité. Etre propriétaire foncier est devenu une obsession pour certains Camerounais, qui usent de tous les moyens pour le devenir et n’hésitent pas à payer à coup des centaines de mille pour s’assurer la sécurité des forces étatiques dans l’accomplissement de l’imposture

Le conflit tel que décrit par les reportages est simple, un individu qui revendique la propriété d’un site longtemps utilisé par les habitants pour les évènements publics comme les activités sportives ou des cérémonies. Et pour ce faire, il s’est arrangé à obtenir un titre foncier, et a sollicité les forces de défense et de sécurité pour l’accompagner sur le site, faire les premières implantations.

Tout un cérémonial qui confirme qu’il y a anguille sous roche, parce qu’un propriétaire légitime ne va pas sur son terrain accompagné des forces défense. En fait la pratique est déjà connue, celle de faire un passage en force pour s’installer sur un terrain sur lequel on n’a pas droit.

Et les sites qui font l’objet de convoitise sont les parcelles réservées au service public sur les titres foncier mères. Il est reconnu dans les textes, que pour qu’un lotissement soit validé par l’autorité, il doit réserver un quota de la surface aux services publics que sont les écoles, les dispensaires, les commissariats et gendarmeries, les marchés, les espaces verts, les terrains de jeu et autres.

Mais une fois que cela est fait sur le papier et le lotissement validé, la cupidité des propriétaires prend le dessus. Après avoir vendu tous les lots privés qui leur appartenaient, et n’ayant rien fait avec le fruit des ventes, sinon des virées dans les hôtels et les escapades aux bords des mers, ils se retournent vers les espaces réservés à l’Etat.

Les terrains étant encore dans la brousse pour la plupart de temps, les espaces réservés pour les écoles, les marchés et les autres services publics sont cédés à des particuliers, les dossiers techniques sont trafiqués pour qu’ils aient les certificats de propriété. Tout se passe bien tant que l’attention de personne n’est attirée, mais les choses tournent au vinaigre quand ayant épuisé les autres espaces, les propriétaires véreux se voient obligés de jeter leurs dévolus sur les espaces verts et autres stades, sur lesquels les populations se retrouvaient déjà depuis qu’ils habitent les lieux.

Ces derniers s’opposent alors à toute occupation, sachant pertinemment que toute détention d’un titre sur des parcelles pareilles ne peut être que frauduleuse. Et le prétendu propriétaire ne l’ignore pas aussi, c’est pourquoi pour l’occupation effective il s’entoure des force de défense et de sécurité. Ainsi va le foncier au Cameroun, où les magouilles se sont aménagé un nid plus que confortable. Des titres fonciers sont annulés le matin et réhabilités le soir, des populations entières se retrouvent dans des communes sans espaces vert ni stades, on ne parle plus des écoles, des dispensaires et des marchés, simplement parce que les plus forts ont acheté ces espaces, et ont sollicité la force publique pour occuper des espaces publics, pour des intérêts privés.

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