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Figure : Monkam Pascal, bien au-dessus de la Falaise

Écrit par sur 4 mars 2021

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Il fait partie de cette génération d’hommes d’affaires « qui n‘est pas partie à l’école », mais qui a donné au Cameroun une identité économique. Deux ans avant sa mort il plaidait encore pour que la jeune génération soit en mesure de prendre la relève

Le 27 février 2021, l’annonce de sa mort a été faite officiellement, coupant définitivement court à une rumeur qui circulait déjà 10 jours plus tôt, mais qui avait été vite démentie par l’une de ses progénitures bien en vue dans le monde judiciaire au Cameroun. A 91 ans, il a définitivement libéré la suite on dirait d’un hôtel qu’on ne se tromperait pas, rallongeant ainsi la liste de la galaxie des hommes dont les œuvres dominent les principales villes du Cameroun, et qui sont passés de vie à trépas ces dernières années. Monkam Pascal a rejoint dans l’au-delà Fotso Victor, Kadji Defosso, André Sohaing, Samuel Noutchogouing.

Le magnat de l’hôtellerie

C’est dans le village Bakassa, dans le département du Haut Nkam, région de l’Ouest, que Monkam Pascal voit le jour, les archives indiquent vers 1930. L’homme est en effet né à une époque où on ne dressait pas automatiquement les actes de naissances, faute de personnes instruites pour le faire d’abord et de l’éloignement des rares centres d’état civil ensuite. Il fallait à un moment passer la main d’un enfant au-dessus de sa tête, et si elle touchait son oreille de l’autre côté on évaluait alors son âge à 6 ans et l’envoyait à l’école, si l’on avait la chance d’en avoir dans le coin. Pas sûr qu’il en avait à Bakassa à l’époque, encore que le jeune Monkam avait peu de chance d’y aller, fils de paysan qu’il était et qui de surcroît perd son père très jeune. Ce qui n’était pas assez pour le décourager. Il suit son frère à Douala, la ville des affaires, et se laisse conduire par son intuition, sans doute encouragé dans cet élan par des aînées et parents, comme son beau-père. Les écrits révèlent en effet que le père de sa première épouse avait dû surseoir en 1960, à l’envie de s’acheter une voiture, pour prêter de l’argent au jeune Pascal afin qu’il acquiert son premier hôtel, dénommé le coin du plaisir. Il a depuis lors fait de l’hébergement son champ de prédilection, orientant l’important de ses investissements sur les hôtels. Dès 1972, il crée le label La Falaise avec la construction d’un premier hôtel à Bonanjo, le quartier administratif de la ville de Douala. Le quartier étant à l’époque habité par les blancs vestiges de la colonisation, le standard et la qualité étaient exigés pour toute œuvre de construction, ce qui affuta davantage le sens du travail bienfait chez l’homme. Qu’il va d’ailleurs implémenter par la suite avec la construction des autres hôtels de la chaîne, portée par la Société des Etablissement Monkam (Sem) créée quelques années avant, et dont il était le président directeur général.

A sa mort, celui qui portait le titre traditionnel de Nzaa Menkam Niassi, était propriétaire, en plus des Hôtels La Falaise dans trois régions du Cameroun, d’une tour jumelle à Prétoria en Afrique du Sud, et des hôtels Maxims, Tamboti, Park Lodge toujours au pays arc-en-ciel. Le culte de l’effort et la recherche de l’excellence ont de tout temps guidé les pas de l’homme, qui de son parcours a également acquis de l’expérience et surtout beaucoup appris de sa génération d’hommes d’affaires, de la politique et du développement économique. Il est aussi présenté comme l’un des hommes d’affaires les plus loyaux envers les partenaires, qualité qui a été confirmée par la Société anonyme des brasseries du Cameroun dès l’annonce de son départ : « Ami et ancien associé du président Pierre Castel dans la toute première installation du groupe au Cameroun, il faisait partie des 52 distributeurs qui étaient au départ de l’aventure du groupe SABC en 1948. à la création de la société Union camerounaise des brasseries (UCB) en 1969, 51 de ces distributeurs sont devenus actionnaires de UCB. Seul Monkam Pascal choisit de rester fidèle à la SABC. Avec sa disparition, le groupe Castel perd un fidèle parmi les fidèles. Pour durer aussi longtemps en business, avoir les mêmes partenaires, il faut de la méthode, du caractère, et surtout une qualité rare : la loyauté. Avec le groupe SABC, il avait la loyauté en partage. »

Plaidoyer pour le climat des affaires au Cameroun 

Lors  des obsèques de son frère et ami Kadji Defosso le 16 septembre 2018 à Bana, Pascal Monkam avait profité de sa prise de parole pour faire un plaidoyer en faveur des opérateurs économiques camerounais : « le gouvernement devrait prendre en compte l’importance de donner le moral à nous les rescapés, notre génération qui n’a pas été à l’école, car nous sommes les principaux acteurs de développement dans notre pays. Si vous nous donnez le moral, nous aurons la force de persévérer et augmenter notre activité économique, ce qui sera bénéfique à la croissance de notre pays et servira d’exemple à la génération future. On remarque que notre pays a connu une stabilité politique, cela est dû en grande partie au fait que notre économie est entre les mains de nous-même les Camerounais. Si les gouvernants donnent davantage de moral, je peux vous assurer que les Camerounais pourraient doubler des efforts pour notre développement économique, comme les baobabs sont déjà presque partis, notre pays a besoin de donner plus de moral aux opérateurs économiques pour qu’ils puissent fournir un maximum d’effort. En conclusion, personne ne peut défendre votre intérêt mieux que vous-même. J’attire aussi l’attention du gouvernement sur le fait que ce grand homme a accompli tout ce qu’il a fait, que j’ai cité sans jamais être à l’école. » Lors de la même allocution, l’homme n’a pas été tendre envers la jeunesse, particulièrement ces fils de bourgeois qui ne font aucun effort pour tracer leurs chemins, mais aiguisent plutôt de la convoitise sur l’héritage de leurs parents, avec à la clé de conflits interminables. Il disait « Il est à remarquer, pour votre gouverne, que la majorité des enfants que nous avons envoyé à l’école, aux Etats unis, et en Europe n’ont pas pu suivre cet exemple. On remarque malheureusement, qu’après la disparition de plusieurs d’entre nous, qui n’avons pas été à l’école, que la majorité des affaires ne continuent plus. Le plus souvent, et j’ai besoin que les enfants de mon ami tiennent compte de ces derniers mots, le plus souvent, c’est le désordre, c’est l’égoïsme, c’est l’incapacité qui s’installe. J’espère que le cas du président Kadji sera une exception.» Sans doute un message prémonitoire d’un homme qui sentait sa mort venir, à l’attention aussi de sa progéniture composée de 16 enfants issues de 4 mariages. A l’endroit de l’humanité entière, Pascal Monkam fit également cet autre constat : « Ceux qui ne font pas d’efforts voient ceux qui font des efforts comme un miracle.» pour tout dire, Pascal Monkam, face aux difficultés de la vie, a en fin de compte su gravir la pente étapes par étapes pour se hisser  au-dessus… de la Falaise

Roland TSAPI

 


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