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Espaces marchands : le marché des dupes ?
 

Écrit par sur 27 septembre 2023

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Par Roland TSAPI

Les commerçants constamment sollicités pour le financement des projets de constructions des espaces marchands, avec la promesse d’être les premiers casés après les finitions. La pratique est devenue courante dans les mairies, mais avec au final ces commerçants qui crient à l’arnaque par les autorités municipales. Comment en est-on arrivé là, alors que la construction des marchés relève de la responsabilité des mairies ?

La responsabilité des communes de construire et de gérer les espaces marchands ne souffre d’aucune ambiguïté dans les textes. L’article 156 de la loi 2018/024 du 24 décembre 2019 portant code général des collectivités territoriales décentralisées est explicite à ce sujet. Parlant de l’action économique, elle énumère les compétences transférées aux communes, parmi lesquelles : « la construction, l’équipement, la gestion et l’entretien des marchés, gares routières et abattoirs ».

Du reste, ces actions rentrent dans le cadre des missions des mairies pour le développement de leurs territoires, et rentrent des plans de projections fait par l’exécutif communal et proposés aux conseils municipaux pour validation. Et ces projets présentés pour validation sont en principe accompagnés des plans de financements, bien visibles. Là c’est pour le principe.

Mais comme dans bien de domaines au Cameroun, il y a la loi, et il y a la réalité. Dans les faits, un exécutif communal peut se lever un matin, sans une programmation précise, décider de détruire les étals des commerçants généralement installés illégalement, il faut le dire.

Mais pour les contenter, il leur est promis des boutiques en priorité sur la nouvelle bâtisse à construire, et pour les rassurer, il leur ai demandé de verser des sommes d’argent comme garanti, ce qu’ils font d’ailleurs à cœur joie et en suppliant parfois pour être parmi ceux qui à ce moment sont des chanceux.

Qui perçoit cet argent, dans quel compte est-il versé, sur quel critère les montants sont définis, à ce niveau c’est mystère et boule de gomme. Comme la pratique est illégale et n’est contrôlée par personne, autant de commerçants que possible peuvent verser de l’argent, à plusieurs personnes aussi, chacun se prévalant d’une autorité quelconque au sein de la mairie et rassurant la partie versante que sa boutique ne souffre de rien.

En théorie, parce que le fin mot de l’histoire c’est cette situation vécue au marché central de Douala ces jours, où près de 400 commerçants d’après leurs déclarations réclament ce qu’ils appellent leur boutique, le seul élément pour soutenir leur réclamation étant parfois un reçu de versement d’une somme d’argent, un reçu juridiquement irrecevable car n’étant pas émis par les services compétents de la mairie, qui n’en assume pas en conséquence la responsabilité.

Mais elle n’en est pas moins coupable, pour avoir ouvert cette boîte de pandore dans laquelle des naïfs se sont engouffrés sans trop réfléchir, motivés uniquement par la course à qui sera le premier à avoir une boutique. Qui malheureusement se referme souvent devant lui, sans qu’il n’ait la clé…


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