Impôts : quand l’Etat fait feu de tout bois
 

 
26 milliards de pension retraite saisi par la direction des impôts, il faut dire que l’Etat ne fait plus l’économie d’aucune méthode pour presser les contribuables et renflouer son assiette fiscale. Même ceux qui ont plutôt besoin de la compassion de l’Etat et une reconnaissance pour service rendu à la nation doivent passer à la trappe, de gré ou de force.

Par Roland TSAPI

 
Lors du règne de Louis XIV en France, Colbert son ministre des finances vint un jour lui dire: Sir, il n’y a plus d’argent dans les caisses. Le roi lui répondit, va prendre chez les pauvres, ils sont plus nombreux et ils ne disent jamais rien. Les services des impôts camerounais ont désormais fait leur cette recommandation, prendre chez les pauvres, de gré et surtout de force.

C’est ainsi qu’on peut s’expliquer cette saisine des fonds de la CNPS à hauteur de 26 milliards de francs CFA, de l’argent destiné à être distribué aux retraités pour les aider à survivre, dans un contexte de vie chère. Déjà dans la loi de finances 2023, les impôts avaient déjà été sans pitié avec les pauvres du pays, dont les enfants écument les bureaux administratifs avec les dossiers des concours.
 

Le timbre fiscal est passé de 1000 francs à 1500 francs, la vignette automobile a doublé de coût, les frais d’établissement du permis de conduire ont doublé, les transactions foncières sont désormais taxées, pour ne citer que ces quelques exemples.

Deux mois après le début de l’année, le prix du carburant a augmenté à la pompe de 100 francs, de l’inédit dans l’histoire des augmentations au Cameroun, et les impôts cherchent et cherchent encore ce qu’ils peuvent prendre chez les pauvres, ils grapillent partout, et dorénavant la pension retraite est visée. Le directeur de la CNPS tente le tout pour stopper la sangsue, mais elle s’accroche et résiste aux injonctions gouvernementales et de la justice.

L’Etat a besoin de l’argent pour fonctionner certes, mais à ce rythme il va fonctionner sur des cadavres. Les retraités dans toute société sont classés dans la catégorie des nécessiteux, c’est pour cette raison qu’ils ont une « pension » pour les aider à survivre. Eux qui déjà, pendant leur période d’activité payaient des impôts sur leurs salaires, devraient selon la direction des impôts continuer à payer les impôts, même en fin de vie, sur la pension, les subsides.

Colbert, le fameux ministre des Finances de Louis XIV, laissa lui-même l’ épitaphe qui devait être apposée sur sa tombe : «ci-gît l’auteur de tous les impôts dont la France à présent abonde, ne priez pas pour son repos, puisqu’il l’ôtait à tout le monde » . Et un auteur à propos de cette propension à presser le plus pauvre pour de l’argent, posait cette simple question que les retraités pourraient bien s’approprier:« Puisque l’impôt à une assiette, pourquoi mange-t-il toujours dans la nôtre. »