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Gabon : quand les élections débouchent sur un coup d’Etat

Écrit par sur 31 août 2023

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Alors que les résultats officiels des élections générales n’étaient pas encore connus, et que les tendances rendues publiques par l’organe en charge des élections donnaient Ali Bongo vainqueur, les militaires ont senti le roussi et ont décidé de prendre les choses en mains pour mettre fin à ce qui n’était pour eux qu’une mascarade, sans doute une de trop.
 

Par Roland TSAPI

On pourrait se poser la question de savoir contre qui ce coup d’Etat a été perpétré, du moment où les résultats officiels des élections générales n’avaient pas encore été proclamés par la Cour constitutionnelle comme le veut la constitution du Gabon. La réponse est donnée par les militaires eux-mêmes qui proclament l’instauration du Comité pour la transition et la restauration des institutions CTRI.

C’est contre le régime en place, qui allait certainement se remettre en place, le ton étant déjà donné par le Conseil gabonais des élections, et devait sans nul doute être confirmé par la Cour constitutionnelle, puisque les deux instances sont contrôlées par ce pouvoir en place. Les militaires parlent d’ailleurs des élections truquées comme l’un des motifs de leur prise de pouvoir.

En réalité, la victoire programmée d’Ali Bongo n’était un mystère pour personne, puisque produite par la même machine de fraude instaurée depuis les indépendances et qui a permis à son père de durer 42 ans au pouvoir et y mourir, la même qui l’a mis au pouvoir depuis 2009 et en 2016.

Désormais malade, les jeunes militaires espéraient peut-être qu’il se résolve à laisser le pouvoir en sortant par la grande porte à l’issue des élections, mais c’était sans compter avec la boulimie du pouvoir qui habite souvent ces hommes du palais, boulimie qui a fini par le perdre. Ali Bongo est désormais pitoyable, demandant dans une vidéo de l’aide à ses « amis » à l’extérieur, les suppliant de faire du bruit pour qu’on le libère.

Le nouvel homme fort, le général Brice Clothaire OLIGUI NGUEMA, est commandant en chef de la garde présidentielle depuis deux ans. Dans son parcours professionnel, on le signale déjà comme garde de camp présidentiel à l’époque de Bongo père.

Général Brice OLIGUI NGUEMA, le nouvel homme fort du Gabon

Quand Ali prend le pouvoir, il est envoyé comme attaché militaire d’ambassade au Maroc puis au Sénégal, avant d’être  rappelé au Gabon un an après l’Avc du président Ali en 2018 et placé à la tête des services de renseignements de la présidence puis promu six mois après chef de la garde présidentielle. A ce poste il a réformé la garde présidentielle en développant une section des interventions spéciales SIS placée sous l’autorité directe d’Ali Bongo, une unité qui est passée de 30 à 300 éléments avec près de 100 tireurs de précision dotés d’équipement de pointe et motivés par un chant patriotique qui dit entre autre : «je défendrais mon président avec honneur et fidélité».

Ali Bongo & et le Général Brice OLIGUI NGUEMA

Il est évident que de ces fonctions il a observé comment fonctionne le système, avec ses tares et ses insuffisances, et le fait que la prise du pouvoir se soit faite dans la cour du Palais qu’il protège, n’est pas un fait du hasard, s’il n’était pas devant, sa main était derrière. Voulait-il mettre fin à cette spirale de mascarade appelée pompeusement élections démocratiques, ou a-t-il été piqué par le virus du vent de l’Ouest porté par Assimi Goïta au Mali, Ibrahim Traoré au Burkina Faso, Mamadi Doumbouya en Guinée Conakry et Abdourahamane Tchiani au Niger ? Une chose est sûre, c’est l’annonce des résultats provisoires par le Conseil gabonais des élections qui aurait fait monter l’adrénaline de ceux qui ont décidé de mettre fin aux supplices d’Ali Bongo, qui se croyait obligé de traîner les pieds pour gouverner le Gabon, pendant 7 ans encore.

L’Afrique dans sa quête de souveraineté se réinvente tous les jours. On a souvent connu des coups d’Etat pour déposer des chefs d’Etat, on a là affaire à un coup d’Etat, pour annuler les élections ou ses résultats, c’est tout comme !


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