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David Eboutou : « Le discours de Paul Biya le 31 Décembre 2023 était catastrophiste »

Écrit par sur 2 janvier 2024

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David Eboutou sur Radio Balafon le 2 Janvier 2024

L’historien et consultant du groupe Balafon Media était le grand invité de la matinale de ce 2 Janvier 2024. Il a commenté la dernière adresse à la nation du chef de l’Etat qu’il juge essentiellement décevante. Voici de larges extraits de la réaction de l’universitaire.

 

Sur les problèmes évoqués par Paul Biya

 

 « J’ai quand même trouvé, très honnêtement, que c’est l’un des discours les plus réalistes que le président de la République ait prononcé depuis au moins 10 ans. On a eu l’impression, pour  une première fois, qu’il a fait l’effort de toucher du doigt un ensemble de problématiques concrètes. Un ensemble de problèmes fondamentaux auxquels les Camerounais sont confrontés au quotidien. Nous avons des problèmes d’énergie au quotidien. Le président y a collé un mot même si ça ne nous arrange pas. C’est criard ! Douala ressemble à un champ de ruines. C’est laid à voir. C’est hideux. Ceux qui sont allés à Maroua ces derniers temps ont dû  se rendre compte de la situation. On dirait que ce sont des obus qui ont creusé ces cratères de guerre. Ce qui se passe au Cameroun ces derniers temps est terrible. Les routes périphériques et autres encore, c’est très grave. Il a évoqué d’ailleurs  un axe routier qui me concerne : l’axe Akom 2 – Kribi »

 

Sur la longévité de Paul Biya au pouvoir

                                                                                                                                                

« Tout ceci est également à mettre. Ce sera difficile qu’on me démontre le contraire.  Quoi qu’on veuille, quoi qu’on voudra dire, nous avons quand même un président de la République qui a passé 41 ans à la tête de l’Etat. Il n’a plus la même vitalité politique. Les mots restent les mots. Les discours à cet âge-là, ce n’est pas le président qui les écrit. Il peut y apporter une virgule, avoir une intuition au dernier moment, quand on lui présente un bout de papier  pour dire : « voilà, j’ai suivi tel sur Balafon, un bout d’article dans tel journal. Donc je souhaite que vous ajoutiez ceci ou cela. Mais dans le fond, le président n’a plus la même vitalité qu’il y a 19, 15, 20 ans ! Et cela se ressent aujourd’hui. Avec quelle énergie va-t-il suivre tous ces projets  édictés ? Tous ces projets dont il a fait étalage ? Voilà un gouvernement depuis au moins quatre ans après des échéances qu’on a connues, qui ont quand même émaillé la vie publique. On se serait attendu depuis au moins deux ans qu’il y ait un remaniement, une retouche, un réaménagement. Voilà un gouvernement qui est bloqué. Pour vous dire que cela relève de la simple volonté du président de la République  de maintenir  ce statu quo. »

 

Sur les mesures draconiennes imposées par le FMI

 

« Je l’avais déjà dit. Pour ceux qui suivent les billets que je publie de temps en temps sur mon blog sur Facebook, il y a, je crois trois mois, à l’occasion du séjour au Cameroun d’une équipe du Fonds Monétaire International, qui travaillait de concert avec la Présidence de la République et le ministère des finances. J’avais eu la primeur  exclusive de lire ce rapport-là et d’avoir quelque bribes  des spécialistes du FMI par des gens qui se sont retrouvés dans cette équipe-là. Qui m’ont dit qu’à un moment, le rapport  a été coincé parce que les spécialistes du FMI avaient tranché net, sur un ton ferme. A savoir qu’il fallait rehausser un certain nombre de coûts, dévaluer….Un certain nombre de mesures qui allaient manifestement amener les Camerounais à descendre  dans la rue. Et cela a achoppé sur le fait qu’il fallait amener les spécialistes du FMI  à changer leur discours, trouver des mots. Même si dans le fond, cela allait se faire.  Cela n’a rien changé dans le fond qui consistait à l’ajustement pour que le Cameroun végète tout du moins. Quand le président l’a dit, cela ne m’a pas personnellement surpris. Ce qui peut surprendre c’est que tout un chef d’Etat soit obligé de venir lui-même porter des mauvaises nouvelles. Dans d’autres pays, c’est de la responsabilité des premiers ministres hein ! Le chef de l’Etat est là pour donner de l’espoir, souffler in peu d’espérance, à travers des mots. Il annonce quelque chose qui peut donner un coup de soulagement aux populations qui en attendent. Le discours du 31 Décembre 2023 était un discours catastrophiste. Sur 10 mesures que le président a évoquées 9 et demie ont été des annonces catastrophistes. Et d’ailleurs quand le président a semblé se prononcer sur quelque chose qui sera fait, il y a mis des guillemets. Il disait : « j’ai prescrit ». Lui-même sait que personne dans son gouvernement ne le suit plus. Quand il parle par exemple de la lutte contre les détournements de fonds qui va s’intensifier dans les prochains jours, on peut lui demander : « mais ce qui a été fait, on en est où ? Et les innocents qui ont été envoyés en prison ? Qui attendent au moins que vous regardiez leur cas. Qu’est-ce qui a été fait pour au moins les restaurer ? »

 

Sur les promesses en rapport avec les nouveaux barrages hydroélectriques  

 

« Est-ce que nous sommes dans un pays d’amnésiques ? Quand le président parle de la mise en place des barrages de Nachtigal  et Lom Pangar, je veux bien croire, mais on sait que ce sont des gens qui écrivent ses discours et qui amènent ces tas de papiers sur sa table. Lui deux ou trois jours avant peut enlever deux ou trois choses. Est-ce que ces gens pensent vraiment qu’ils sont à la tête d’un groupe d’amnésiques qui a oublié qu’il y a cinq ans, dix ans, le président nous parlé des mêmes barrages ? Quand cette histoire de barrages  revient aujourd’hui, franchement c’est pour que qui croie à ça ? Qui ignore ce qui se passe à Memve’ele, à Mekin et autres là ? Bien au contraire on voit que ces barrages sont en train de mourir à petit feu et que ces projets avec les financements qu’on nous a annoncés n’ont rien donné.  Ils sont finalement comme des gros éléphants blancs ». 

 


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