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Crises sociales : Eneo, le fusible ?

Écrit par sur 14 février 2024

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Gaston Eloundou Essomba, ministre de l’eau et de l’énergie

Le contexte social camerounais est propice aux crises, et le gouvernement redoute toute étincelle qui pourrait mettre le feu à la poudre. La société distributrice de l’énergie devient ainsi, avec les délestages qui se multiplient, un coupable tout trouvé qu’il convient de mettre en garde.

 

Un appel de détresse, une supplication, une injonction, la lettre du ministre de l’Eau et de l’énergie ressemble à tout cela à la fois. De prime abord, au vu de la répartition des taches et des missions dans le secteur de l’électricité au Cameroun, il y a lieu de se demander si Eneo, la société en charge de la distribution, est le bon destinataire, celui à qui le ministre devrait exprimer ses inquiétudes. Etant donné qu’Eneo se trouve en principe au bout de la chaine, avec au début l’Etat qui produit l’électricité à travers ses différentes structures dont Edc, au milieu la Sonatrel qui s’assure du transport, comment ferait-elle pour respecter les instructions du ministre de réduire les délestages ? Cette note laisse croire que Eneo reçoit suffisamment de l’électricité et le stockerait pour créer la pénurie et faire de la spéculation par la suite, comme les commerçants véreux, ou que c’est Eneo qui fait fonctionner les centrales thermiques, ce qui rentre dans le cadre de la production, et pose un problème de répartition des tâches et des missions.

Si les délestages répétés pourraient donner lieu à des troubles sociaux pour lesquels la responsabilité d’Eneo sera engagée, pourquoi les autres acteurs, Edc et Sonatrel en l’occurrence sont épargnés, n’ont-ils aucune responsabilité dans la disponibilité boiteuse de l’électricité ? Au demeurant, la crise sociale que redoute tant le gouvernement, si elle existe, si elle arrivait à déclencher, c’est pour des raisons bien au-delà des simples délestages, qui ne constituent dans le vase qu’une goutte d’eau. Son importance n’est pas négligeable certes, mais son impact serait moins visible si elle ne trouvait pas dans le vase d’autres ingrédients qui préparent le terrain à la crise sociale. La hausse des prix du carburants, la vie de plus en plus chère, l’absence d’eau, la corruption rampante, le chômage galopant, le clientélisme, la privatisation des biens publics, les trafics d’influence, l’absence des routes et le mauvais état de celles existantes, la cupidité des commerçants qui fixent les prix des denrées selon leurs humeurs, la misère ambiante, la fracture sociale de plus en plus prononcée, avec des riches qui deviennent de plus en plus riches et les pauvres qui sombrent dans la pauvreté, la justice et ses lenteurs, autant de maux, sans être exhaustifs, qui minent la société et qui devraient être la préoccupation gouvernementale. Sinon, on pourrait bien contenir la crise sociale provoquée par les délestages, qu’elle resurgirait de l’autre côté. Eneo serait alors dans ce cas un simple bouc émissaire, qui cache mal pas les vrais coupables… du mal être des Camerounais

 

Roland TSAPI


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