Budget 2024 : 352 milliards d’impôts de plus à payer
Écrit par Balafon Média sur 6 décembre 2023
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Les Camerounais vont continuer à serrer la ceinture en 2024 pour payer les impôts et autres taxes, même si le niveau d développement reste en deçà des attentes au fil des années. C’est l’une des révélations du projet de budget arrivé à l’Assemblée nationale avec 30 jours de retard. Les contribuables sont pressés, alors que des niches de recettes plus fructueuses sont négligées.
Les députés l’attendait 15 jours avant l’ouverture de la session de novembre qui s’est faite le 10 du mois, mais elle n’est jamais venue, il a fallu même que quelques députés organisent un blocage de l’Assemblée nationale le 30 novembre pour que le gouvernement consente à déposer une partie du budget, 122 pages sur les 1500 attendus. En chiffres, le gouvernement propose une enveloppe budgétaire équilibrée en recettes et dépenses à 6 740,1 milliards de cfa, en hausse de 13,2 milliards de fcfa par rapport à l’exercice 2023. Sur cette enveloppe, les recettes fiscales représentent 4 168,1 milliards de fcfa, contre 3 815,7 milliards de fcfa en 2023, soit une augmentation de 352,4 milliards de fcfa sur les deux périodes. D’où viendra cet argent ?
La loi des finances 2023, dans la même logique d’augmentation des recettes fiscales, avait imposé une augmentation des prix de certains services administratifs, faisant saigner davantage le contribuable. Le timbre fiscal a augmenté de 500 francs, la vignette automobile a connu une augmentation de 100% pour certaines catégories et 50% pour d’autres, de même que les droits de timbre d’aéroport désormais de 20 000 francs pour les vols en zone Cemac, 40000 francs pour les vols internationaux en classe économique et 120 000 francs en classe affaires. Les cibles visées pour être pressés comme du citron restent toujours les populations.
Pourtant, selon trois organisations internationales dont Tax justice Network, Global Alliance for Tax Justice et Public Services International, dans une étude publiée il y deux ans, les multinationales implantées en Afrique transfèrent en moyenne 51,6 milliards de dollars de bénéfices vers les paradis fiscaux, générant pour les Etats du continent des pertes à hauteur de 15 milliards de dollars (environ 8700 milliards de FCFA) par an en recettes fiscales directes. Le Cameroun qui regorge un grand nombre de filiales de grandes multinationales n’échappe pas à cette réalité. L’étude évalue à 873 millions de dollars (environ 506 milliards de FCFA) les bénéfices générés par ces multinationales et transférés à l’étranger ; soit une perte fiscale annuelle d’au moins 167 milliards de FCFA. En plus de ces recettes perdues dans les évasions fiscales, un rapport du ministère des Finances datant de 2017 relevait que le Cameroun perd chaque année, à cause de la fraude, “plus de 100 milliards de F CFA” de recettes fiscales. Tenant compte du fait que la situation n’évolue généralement que du mauvais coté, ces pertes doivent certainement avoir augmenté 5 ans plus tard. Sûr que si toutes ces pertes étaient endiguées, les recettes fiscales pourraient gonfler plus que ce que propose la loi des finances 2024, sans que le citoyen ne soit obligé de payer le prix
Roland TSAPI