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Société : les germes de la déliquescence.

Les dérives observées dans la société aujourd’hui, si elles ne sont pas corrigées, préparent le terrain à un monde presqu’invivable

« Nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons de nos enfants.» Cette citation attribuée à l’écrivain français Antoine de Saint Exupéry, ou à la sagesse indienne, est l’une des interpellations faites de tout temps aux vivants, de savoir que les habitudes de vie du moment, si elles sont calquées sur le passé, sont surtout déterminantes pour le futur. Comme chez le planteur, c’est ce qu’on sème aujourd’hui qu’on récolte demain. Il est ainsi de la protection de l’environnement tout comme de la construction de la société future. Dans l’un de ses discours, le président Paul Biya demandait également au Camerounais quel pays ils voulaient pour leurs enfants, ou autrement quel héritage ils se préparaient à laisser à leurs progénitures.

Par héritage ici il ne faut pas entendre seulement les biens matériels, et c’est même là la grande erreur qui est faite, il s’agit plutôt des valeurs morales qui seront laissées aux enfants. La question est plus qu’urgente aujourd’hui au regard de la courbe que prend la société, avec toute la morale rongée et diluée dans les contre-valeurs. Les parents disent presqu’en se ventant quel montant ils ont payé pour l’admission d’un enfant à un concours. Un élève exclu d’un établissement, le père ou la mère lui demande de l’accompagner rencontrer les responsables, et au sortir de là il ou elle lui dit comme pour le mettre  en garde contre son indiscipline, combien d’argent a été payé pour qu’il soit réadmis. Parfois c’est même l’enfant qui porte l’argent aux responsables. Tel autre parent, pour corriger les inconduites d’un enfant qui l’on conduit dans une cellule d’un commissariat ou d’une gendarmerie, ne lui explique pas à quel point son attitude est préjudiciable pour la société, il lui rappelle juste le montant d’argent qui a été versé pour qu’il soit libéré, sinon il aurait été déféré en prison. Bref, on montre aux enfants que l’argent règle tous les problèmes, que l’on achète tout ou que tout le monde peut être acheté.

Irresponsabilisation

Besoin de sa première carte  nationale d’identité, au lieu de donner l’argent à l’enfant et le laisser aller se confronter aux difficultés de la vie en s’alignant pour obtenir un certificat de nationalité ou attendre son tour au commissariat, le parent prend le téléphone et appelle telle relation au commissariat ou au tribunal pour lui faciliter la tâche. Des fois l’enfant reste à la maison, sa carte nationale d’identité, son permis de conduire ou son passeport vient le trouver. D’autres sont entrés dans des grandes écoles, en sont sortis et travaillent sans savoir comment on obtient un extrait de casier judiciaire, pourtant cette pièce faisait partie des dossiers. Papa ou maman s’occupe de tout.

Une anecdote de Michel Poulaert,  destinée à mettre l’être humain face à ses responsabilités dans la société, raconte qu’un homme qui se promenait vit un papillon encore à l’état de chenille qui se battait pour sortir dans sa coquille. « Il s’arrêta de longues heures à observer la chrysalide, devenue papillon, qui s’efforçait de sortir par ce petit trou. Après un long moment, le papillon semblait faiblir et lui donnait l’impression qu’il allait abandonner. L’homme était convaincu que le jeune papillon avait fait tout ce qu’il pouvait pour sortir de ce trou, sans succès. Alors, il décida de l’aider : il prit un canif et ouvrit la coquille. Le papillon sortit aussitôt mais son corps était maigre, faible et engourdi, ses ailes étaient peu développées et bougeaient à peine. L’homme continua à l’observer, pensant que d’un moment à l’autre, les ailes du papillon s’ouvriraient et seraient capables de supporter le corps du papillon pour qu’il puisse prendre son envol. Il n’en fut rien ! Et le pauvre papillon passa le reste de son existence à se traîner par terre avec son maigre corps et ses ailes rabougries. Jamais il ne put voler. Ce que l’homme, avec son geste de gentillesse et ses bonnes intentions, ne comprenait pas, c’est que le passage par le trou étroit de la coquille est un stade indispensable qui permet au papillon de se renforcer suffisamment pour sortir de façon autonome de la coquille qui l’enveloppe. Cet effort est vital pour que le papillon puisse développer ses ailes pour pouvoir voler. »

Devoir

L’éducation qu’on donne aux enfants aujourd’hui détermine la société qui sera formée demain. Celle des hommes qui savent faire face à leurs difficultés, où celle où tout le monde croit qu’on peut tout obtenir par des jeux de passe-passe, en mettant simplement de côté le régulateur social qu’est la loi. Une étude psychologique, aussi largement relayée dans les réseaux sociaux, relève au moins 8 raisons pour lesquelles les parents sont responsables de la délinquance de leurs enfants et par conséquent de la qualité de la société future.  1- les parents qui donnent à l’enfant tout ce qu’il demande, il grandira en pensant qu’il a droit à tout ce qu’il veut, 2- Les parents qui sont amusées quand l’enfant prononce des malédictions, il grandira en pensant que le manque de respect est normal et amusant. 3- les parents qui ne réprimandent pas pour mauvaise conduite, l’enfant grandira en pensant qu’il n’y a pas de règles dans la société, 4- Les parents qui nettoient le désordre de l’enfant, il grandira en pensant que les autres peuvent assumer ses responsabilités. 5- Les parents qui arrêtent de regarder la télévision parce que l’enfant crie quand ils changent de chaîne, il grandira en pensant qu’il n’y a pas de différences entre un adulte et un enfant.  6- Les parents qui laissent leurs enfants écouter de la musique qui vulgarise les femmes, encourage le sexe facile, ils grandiront en adoptant la perversité comme mode de vie. 7- Les parents qui donnent de l’argent à leurs enfants quand ils le souhaitent, ils grandiront en pensant que l’argent est facile et n’hésiteront pas à voler lorsqu’ils ne peuvent pas l’obtenir. 8- Des parents qui sont toujours en faveur de leurs enfants, qu’ils aient raison ou non, ils grandiront  en croyant que les autres les persécutent quand ils sont corrigés. La société en définitive est comme la planète terre, elle sera vivable demain ou pas, en fonction de ce que nous en faisons aujourd’hui. C’est maintenant, dans nos actes et attitudes quotidiennes que nous construisons une société saine de demain, étant entendu que toujours, les enfants copient plus qu’ils n’obéissent.

 

Roland TSAPI