Jean-Pierre Bekolo : Une œuvre qui parle…très fort

Jean-Pierre Bekolo pose avec le « Balafon d’honneur »

Le cinéaste a reçu le « Balafon d’honneur » lors de la 3^ème cérémonie des 7seven Music Awards. Les organisateurs saluent ainsi l’ensemble de son œuvre et sa contribution à l’évolution du cinéma camerounais depuis plus de trois décennies.  

La reconnaissance des siens. En haut de l’affiche depuis plus de 30 ans, le cinéaste camerounais Jean-Pierre Bekolo a été honoré par le comité d’organisation de la 3^ème édition des « Balafon 7seven Awards », les trophées qui récompensent les meilleurs acteurs  du cinéma et de la télévision au Cameroun. Le réalisateur des films à succès « Quartier Mozart », « Les Saignantes » ou encore « Le complot d’Aristote » a reçu le « Balafon d’honneur », un trophée qui fait de lui le parrain de l’événement de cette année. L’auteur, producteur et monteur est récompensé pour l’ensemble de son oeuvre  et sa contribution à l’évolution du cinéma camerounais depuis plus de trois décennies.

Le crack du cinéma,  né le 8 juin 1966 à Yaoundé, se fait remarquer au festival de Cannes en 1992.  « Quartier Mozart », son premier long métrage, y remporte le prix Afrique en création. Il recevra, la même année le  Prix Swissair et Carte jeune au festival de Locarno. L’oeuvre va être aussi primée au FESPACO, à Ouagadougou. Elle sera nominée aux British Academy Film Awards aux côtés de Reservoir Dogs de Quentin Tarantino. Lors de la célébration des 100 ans du cinéma,  le British Film Institute le sollicite au même titre que Martin Scorsese, Stephen Frears, ou Jean-Luc Godard.

En 2005, l’ex étudiant de l’Institut National de l’Audiovisuel (INA) réalise Les Saignantes (2005),  premier film de science-fiction africain. En 2009 au FESPACO, ce film obtient l’étalon d’argent et le prix de la meilleure actrice. « Les saignantes » sera retenu  en 2017 par le Museum of Modern Art (MOMA) de New-York et classé parmi les 70 classiques de science-fiction.

Cinéaste « afrofuturiste »             

Jean-Pierre Bekolo a connu la censure dans son pays. En 2013, Le Président, une œuvre cinématographique qui relate l’histoire d’un président africain vieillissant qui quitte son palais et découvre les conséquences désastreuses d’un trop long règne sur son pays est interdite de diffusion dans les locaux de l’Institut Français du Cameroun., à Yaoundé.  C’est une comédie qui vise les leaders africains qui s’accrochent au pouvoir.  Le cinéaste veut amener les spectateurs à imaginer une alternative à la réalité.

En 2015, Jean-Pierre Bekolo est récompensé du Prix Prince Claus , aux Pays-Bas « pour sa créativité, sa résistance, son irrévérence et son travail de refonte des idées dominantes concernant le cinéma africain ; pour la création d’une œuvre innovante qui à la fois divertit et transmet un message socio-politique fort; pour la grande originalité de son style ; pour sa façon de mettre en cause les représentations erronées des cultures africaines ; et pour sa façon de réaffirmer le pouvoir du cinéma ».

L’homme de culture camerounais est présenté comme un cinéaste « Afrofuturiste », car il explore tous les genres cinématographiques dans l’optique de déconstruire les stéréotypes sur l’Afrique et son cinéma.  Cet artiste engagé réalise des films qui refusent toute catégorisation. L’ancien étudiant de physique de l’ancienne université de Yaoundé a aussi un parcours d’enseignant. Il a dirigé des classes de cinéma à l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill, à la Virginia Polytechnic Institute et à Duke University, aux Etats-Unis.

Les principales productions de Jean-Pierre Bekolo  

1992 : Quartier Mozart

1996 : Le Complot d’Aristote

1996 : La grammaire de grand-mère, 8 min. Interview du réalisateur Djibril Diop Mambety, Sénégal. JBA Production – Kola Case Production. France, Cameroun, Zimbabwe

2005 : Les Saignantes

2007 : Imagine Afrika (TV series)

2013 : Le Président, 64 min.

2015 : Les Choses et les Mots de Mudimbe, 243 min (documentaire)

2016 : Naked Reality, 62 min.

2017 : Afrique, la Pensée en Mouvement Part I et II

2017 : Miraculous Weapons, 104 minutes