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Crise au PCRN : Cabral Libii donne sa version de l’histoire et accuse Paul Atanga Nji

Écrit par sur 27 décembre 2023

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Cabral Libii le 22 Décembre 2023 sur Radio Balafon

 

Le leader désormais contesté du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN)  s’est ouvert sur l’antenne de Radio Balafon le 22 Décembre 2023.

Le Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN) navigue en eaux troubles depuis bientôt deux mois. Robert Kona, le fonctionnaire à la retraite qui se présente comme le « père fondateur et « président national » de cette formation politique légalisée en 2001 conteste à Cabral Libii, son président depuis 2019, toute légitimité.  Il a fait interdire le congrès que le fondateur du mouvement « 11 millions » projetait d’organiser à Kribi ce mois-ci. L’octogénaire a également assigné le jeune député à comparaitre le 4 Janvier 2024 devant le Tribunal civil de Kaélé. Il l’accuse entre autres  d’avoir transformé une réunion préparatoire en congrès électif, d’avoir fui avec le parti d’autrui. Une démarche qui semble surprendre Cabral  Libii, obligé de rappeler que lors du Congrès extraordinaire qu’il a convoqué en Décembre 2022 à Ngaoundéré  « Papa Kona » était bien présent et n’avait pas exprimé le moindre désaccord. Dans l’entretien qu’il a accordé à Radio Balafon le 22 Décembre 2023,  Cabral Libii s’étonne de la proximité de Robert Kona avec le ministre de l’administration territoriale (MINAT) Paul Atanga Nji. Il se demande d’où lui viennent les moyens dont il dispose pour mener les batailles en cours. Et accuse le MINAT de chercher à lui nuire. Voici de larges extraits de l’interview de Cabral Libii du Radio Balafon.

 

Sur les raisons de la non autorisation de son parti « Les Citoyens » par Paul Atanga Nji

« En Mars 2019, nous sommes dans l’attente de la convocation du corps électoral pour les élections législatives et municipales.  Donc, le temps nous est compté. Nous attendons près de trois mois pour obtenir le papier de notre parti politique Les Citoyens. Nous essayons  de suivre le dossier et par trois fois, nous sommes reçus par le ministre de l’administration territoriale. La première fois, il nous dit que le dossier est dans le couloir administratif. La deuxième  fois, qu’on est en train de finaliser les enquêtes de moralité sur les membres du bureau. Et la troisième  fois, il nous sort la balle du sheriff. Il nous dit qu’il y a un parti politique au Cameroun qui s’appelle déjà Les Citoyens. Evidemment c’était un mensonge. Jusqu’aujourd’hui, personne n’a vu ni dans le fichier numérique, ni dans le fichier physique des partis politiques au Cameroun un parti qui s’appelle Les Citoyens. D’ailleurs à l’occasion, je lui demande : « monsieur le ministre, permettez-moi donc, puisque vous avez fait les enquêtes de moralité et les enquêtes administratives, de changer séance tenante, le nom du parti ». Il nous dit : « non ! Vous allez faire une nouvelle assemblée constitutive et puis, vous recommencez à zéro. On se dit : « mais ça va nous prendre encore  trois mois ! » Nous sommes complètement désemparés »

Sur ses premiers contacts avec le PCRN et les premiers blocages du MINAT 

« Un jour, je suis invité sur un plateau télé. Pendant que je parlais de cette affaire, un monsieur nommé Massardine Albert Fleuri dont le fils était un membre de 11 Millions de Citoyens, appelle ce dernier et lui dit : « je vois que ton fils avec qui tu travailles n’ pas de parti politique. J’avais initié la création d’un parti politique en 2001. Avec certains amis, nous l’avons créé. On peut vous le donner. C’est comme cela qu’il m’appelle et me dit : « mon père m’a appelé. Ils sont prêts à nous donner un parti. Je lui ai demandé de quel parti il s’agit. Il m’a dit Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN). Je lui ai demandé de m’envoyer les statuts, le programme politique et les documents légaux. Il me les a envoyés et j’ai contacté les personnes  en question. Je les ai fait venir à Yaoundé, nous avons tenu de réunions et ils m’ont invité à leur congrès.  Congrès qui avait été déclaré à la sous-préfecture de Guidiguis. Ils ont obtenu le récépissé le 7 Mai 2019. J’arrive  à Guidiguis, je trouve une trentaine de personnes. A l’époque, eux-mêmes me disent que le parti n’avait que six militants. Mais ils organisent un congrès avec six militants reconnus qui étaient juste des responsables communaux du parti et les trois membres du bureau sur le document du MINAT. Avec une trentaine de sympathisants. Et à l’occasion, je suis élu président du PCRN. Le 13 Mai 2019, par voie d’huissier, nous transmettons les  résolutions de ce congrès au MINAT et au gouverneur de la région du Centre. Puisque le siège du parti à la création, est à Yaoundé. Et trois mois plus tard, nous obtenons un accusé de réception du ministre de l’administration territoriale. Et il faut préciser que ces trois mois sont déjà étonnants pour des gens qui attendent un papier pour aller à des élections. Une fois que  nous avons transmis les documents au MINAT, il nous a empêchés  systématiquement de travailler. Au point d’ailleurs que, à l’une des descentes à Ngambe, dans le Littoral, Edéa avait envoyé une escouade impressionnante d’anti-émeute pour nous empêcher de travailler. Parce que, disait-on, nous étions dans l’illégalité. Lorsque j’ai vu le sous-préfet avec tous les documents que j’avais transmis, il m’a appelé  à côté, il m’a dit : «  va régler tes problèmes à Yaoundé. Nous, on a reçu instruction que tu ne travailles pas ».

Sur le rôle de l’ancienne présidente du Chili dans la reconnaissance de son élection à la tête du PCRN

« Et nous sommes restés comme ça dans le désarroi jusqu’à ce que, comme Dieu  n’oublie jamais ses enfants, Madame Michèle Bachelet, l’ex président de la  République du Chili qui était à l’époque la responsable des droits de l’homme aux Nations Unies, de passage au Cameroun, organise une réunion avec les leaders politiques. Au cours de cette réunion, je fais part de ma mésaventure. Elle en est tellement étonnée qu’elle me demande les documents puisque le jour même, elle avait une audience à Etoudi avec le président de la République. Elle me dit : « je vais lui en parler ». Je me dis que c’est après cette audience que l’affaire a été débloquée puisque  quelques jours  après, on m’appelle au MINAT.  Lorsque j’arrive dans le bureau du MINAT, je le trouve assis. Il me dit : « Monsieur Libii, vous dites partout qu’on vous bloque. Voici le document que je vais signer qui reconnait que vous êtes président. Lisez vous-même. Est-ce qu’il vous convient. Je dis : « oui, mais monsieur le ministre, il me convient ». Et il signe le document devant moi. Il me dit : « je vais te donner le document, mais attends un peu ». Il appuie un bouton et puis une flopée de journalistes rentrent dans son bureau. Vous oubliez ces détails. Parce que, à l’époque, quand ces images ont été diffusées, mes contempteurs comme d’habitude disaient : « mais vous voyez, quand on vous dit que ce gars c’est un pion du régime. Lorsqu’on doit lui donner un document, on appelle toute la presse. Pourquoi lui, on lui donne ce type de document devant toute la presse ? ». Je n’étais absolument pas au courant que la presse  était invitée. Tout cela a été fait à dessein. Je suis même médusé devant les journalistes. Je ne sais même quoi leur dire. »

Sur sa supposée proximité avec Paul Atanga Nji

« Cela arrive maintenant parce qu’il y a un ministre dans ce pays qu’on appelle ministre de l’administration territoriale qui décide que la Constitution n’est rien, la loi n’est rien. Il décide que tel est et tel n’est pas. Il dit à qui veut l’entendre que : « je vais le détruire, je vais l’éteindre ». J’ai envie de lui demander : « qu’est-ce que je vous dois, monsieur ? Qu’est-ce que vous me devez ? Quel problème on a ? » D’abord, je parle rarement de lui parce qu’il n’ pas grand-chose à dire de lui ou de son travail. Même à l’Assemblée nationale ». Lorsqu’il m’interviewait  l’autre jour sur Canal 2, Rodrique Tongue m’a dit : « nous avons appris de l’entourage de monsieur Kona que c’est monsieur Atanga Nji qui vous a recommandé à la tête du PCRN ». J’ai dit : « mais ce n’est pas possible ! Donc eux, ils se connaissaient, je ne sais pas trop…Et de tous les partis politiques, c’est seulement  celui-là, pour aller le chercher à Guidiguis qu’il m’a recommandé ? C’est absolument ridicule ! Nous savons aujourd’hui qu’apparemment Cabral Libii dérange. Et que dans leurs factions qu’ils ont dans le régime et les gens qui se préparent à prendre le pouvoir, apparemment Cabral Libii doit être écarté de la voie, du chemin de certaines personnes. Et c’est pour cela qu’on fait ça. C’est aussi simple que cela. »

Sur les moyens matériels de l’indigent Robert Kona

« Je suis complètement déboussolé par cette affaire. Je suis même tellement énervé que je préfère ne même pas parler avec ce papa-là. Je rappelle qu’on s’occupe de lui autant qu’on peut. De lui et même de ses enfants d’ailleurs. Mais ça c’est par reconnaissance. Par décence, je ne veux pas revenir sur les montants envoyés tel jour ou ceci ou cela. Et que finalement on se demande où ce papa dont on connaît la situation sociale trouve les moyens pour payer les assignations, les avocats et les huissiers ? Finalement, nous décidons de le faire venir à Yaoundé pour qu’on puisse échanger. Je mets en place le bureau politique du parti qui siège le 2 Décembre 2023. Je mets en place un comité de dialogue et de conciliation qui va à sa rencontre le lundi 4 Décembre 2023. Il tombe d’accord sur une feuille de route de sortie de crise, mais il leur dit vers deux heures du matin : « attendez, j’ai reçu un coup de fil du MINAT. Je le vois demain et quand je sors de là, nous paraphons nos documents. Il va au MINAT le lendemain, il disparait le lendemain et nous le verrons réapparaître à bord d’un Prado blanc à Kribi deux jours après pour faire une intervention volontaire. »            

 


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