Budget 2024 : des amendements pour la forme ?

Après le dépôt du projet de la loi des finances par le gouvernement,  Cabral Libi’i, président du Pcrn, y a apporté quelques amendements dans le but de l’améliorer. Mais sans espoir que sa voix soit entendue. La Chambre dominée par les députés du parti au pouvoir a en effet rendue inaudible tout son venant de l’opposition, et ça dure depuis au moins 32 ans.

C’est un document de 20 pages que le  Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN) du député Cabral Libii, a déposé au secrétaire général de l’Assemblée nationale le 3 décembre 2023. Il fait des propositions d’amendement en matière de développement des secteurs des énergies renouvelables, de l’adduction d’eau potable, de l’élevage et de la pêche. Dans ces secteurs, le projet de loi prévoit une exonération de 2 ans dès janvier 2024, des droits de douane de tous les équipements et matériels importés en rapport avec ces secteurs d’activités. Cabral Libi’i quant à lui croit savoir que l’exonération devra être accordée plutôt pour 5 ans,  car 24 mois pourrait s’avérer inefficaces pour provoquer un changement véritable dans les habitudes des investisseurs pour s’orienter dans ce domaine. Pour le bois dont la coupe sauvage se fait au détriment du développement des riverains, le gouvernement, au lieu d’en interdire carrément l’exportation pour encourager la transformation locale, entend désormais augmenter le droit de sortie des grumes de 60% de la valeur FOB de l’essence en 2023 à 75% en 2024. Le Pcrn le suit dans cette logique tout en étant plus gourmand, en proposant de taxer les grumes  à un « taux de sortie confiscatoire de 100% »

D’autres propositions sont contenues dans le document, qui sans doute aurait été plus volumineux si le parti avait eu plus de temps pour parcourir le projet du budget. Il a été néanmoins déposé, pour que l’histoire retienne au moins que le Parti  a voulu rattraper ce qu’il pouvait, même comme personne ne se fait des illusions sur le sort qui lui sera réservé, c’est-à-dire atterrir au fond d’un tiroir. En effet, depuis une trentaine d’années au moins, les voix discordantes de celles du gouvernement se perdent sans échos dans les plafonds de la Chambre, dominée par les députés du Parti au pouvoir dont le rôle s’est révélé avec le temps se limiter à applaudir les textes soumis par le gouvernement et les laisser passer en l’Etat. Il est même arrivé des années où le Président de la république a du renvoyer une loi adoptée par les députés pour rectifications de certaines dispositions en vue de les améliorer. Dans ce contexte, Cabral Libii’ tout comme Jean Michel Nintcheu pour ne citer que ces deux députés, ont conscience que les amendements proposées sont plus pour exister que pour espérer quoique ce soit, la majorité obèse du Rdpc à l’Assemblée nationale leur ayant déjà fait savoir à plusieurs reprises que le chien aboie, la caravane passe, même s’ils tardent à le comprendre.

Roland TSAPI